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Portrait de Nicolas Chéri-Zécoté

Nicolas Chéri-Zécoté

Président de Métisse à Nantes

« Je viens de la Martinique et je vis à Nantes depuis déjà plus de 45 ans. Ma première rencontre avec la vie associative, il y a à peu près 35 ans, s’est faite avec Mémoire de l’Outre-Mer, dont j’ai été le vice-président pendant une vingtaine d’années. Et puis il y a eu beaucoup d’évolution dans les choix de l’association. Nous avions fait beaucoup mais à un moment il fallait passer à autre chose, aussi parce qu’il y avait des nouveaux arrivants qui voyaient les choses autrement. J’étais partisan de ceux là, et j’ai décidé d’aller voir ce qui se passait ailleurs. J’ai donné ma démission et quelques mois plus tard je me suis retrouvé à Métisse à Nantes pour donner des coups de main… J’ai trouvé à Métisse à Nantes ce qui me manquait à Mémoire de l’Outre-Mer, c’est-à-dire la valorisation de la danse, de la culture… sans oublier l’objectif fondamental du travail de mémoire. »

Pourriez-vous résumer les actions de Métisse à Nantes ?

« Les gens du quartier Nord, où nous sommes implantés, ne semblaient pas intéressés par ces questions. Nous avons décidé d’aborder la mémoire et l’Histoire autrement, à travers des concerts, des activités pour les enfants, où le travail de mémoire se ferait doucement. Nous avons monté un festival, Histoire d’avenir, qui a duré 14 ans. Nous avons aussi réussi à amener la manifestation et toutes les associations impliquées dans le centre-ville. C’est via Histoire d’avenir qu’a été lancée l’idée de la construction d’un bateau pédagogique, qui a donné quelques années plus tard Coque nomade, menée par Dieudonné Boutrin. Le travail de l’association devenait très conséquent, entre d’une part le bateau pédagogique et d’autre par les manifestations et l’action sociale en direction des gens du quartier. Nous nous sommes donc partagé entre ces deux secteurs, Dieudonné Boutrin et moi. »

Comment ce sujet de la mémoire de l’esclavage est-il reçu aujourd’hui selon vous ?

« Il y a eu un boom dans les années où nous avons travaillé sur le sujet, et maintenant nous avons l’impression, nous qui sommes sur le terrain, que ça retombe dans l’oubli. Qui sait aujourd’hui à Nantes ce qu’est le 10 Mai ? Pourtant ça a été un gros combat, un événement important dans ces années-là, la reconnaissance d’une Histoire qui n’est pas seulement celle de Nantes mais de la France. Un formidable travail a été fait à Nantes, mais il ne faut pas qu’il tombe dans l’oubli. Les associations ont fait des actions à des moments forts, comme poser des stèles à des dates historiques. Dans le quartier Nord, la stèle pour la reconnaissance de la première commémoration de l’abolition de l’esclavage officielle, pourtant très bien placée, a besoin d’être rénovée et remise en visibilité. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022