Michel Cocotier

Michel Cocotier

« J’ai rejoint l’association Mémoire de l’Outre-Mer vers 1998, quand j’ai quitté la région parisienne pour être chef d’établissement à Paimboeuf – lieu hautement symbolique quant à l’histoire du commerce triangulaire à Nantes. Par le biais d’un professeur de mon établissement, j’ai rencontré l’association et son président, Octave Cestor. J’ai assez rapidement adhéré et je me suis impliqué de plus en plus au fil des années et de mes mouvements professionnels dans la région. Mon arrivée à la présidence en 2008 a coïncidé avec un changement de locaux, puisque nous avons rejoint le 89 Quai de la Fosse, devenu l’Espace Louis Delgrès, où nous organisons nos manifestations.
Nous travaillons à évoquer le patrimoine historique de la ville de Nantes, tout en étant attachés à défendre l’idée que les cultures plurielles devaient être mises en valeur et présentées au grand public. Dans ce sens, nous organisons notamment beaucoup d’événements autour de la littérature, en recevant des personnes prestigieuses, des grands écrivains de la cause noire, dont Angela Davis, Édouard Glissant, Alain Mabanckou, Maryse Condé… Par ailleurs, nous avons développé de nombreuses actions en direction des scolaires, en faisant des conférences et expositions dans des établissements ou dans nos locaux et en organisant un rallye tous les ans. »

Quelle est selon vous l’action la plus emblématique de Mémoire de l’Outre-Mer ?

« Indéniablement, je pense que s’il y a un Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes aujourd’hui, Mémoire de l’Outre-Mer y est pour beaucoup. Quand la statue commémorative que nous avions installée à 100 mètres d’ici, sur le Quai de la Fosse, a été profanée, cela a déclenché toute la réflexion, qui s’est construite de 1998 à l’inauguration du Mémorial, en 2012. Ce Mémorial est unique au monde, et représente un outil pédagogique qui a une portée très importante. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022

Nicolas Chéri-Zécoté

Nicolas Cheri Zecote

« Je viens de la Martinique et je vis à Nantes depuis déjà plus de 45 ans. Ma première rencontre avec la vie associative, il y a à peu près 35 ans, s’est faite avec Mémoire de l’Outre-Mer, dont j’ai été le vice-président pendant une vingtaine d’années. Et puis il y a eu beaucoup d’évolution dans les choix de l’association. Nous avions fait beaucoup mais à un moment il fallait passer à autre chose, aussi parce qu’il y avait des nouveaux arrivants qui voyaient les choses autrement. J’étais partisan de ceux là, et j’ai décidé d’aller voir ce qui se passait ailleurs. J’ai donné ma démission et quelques mois plus tard je me suis retrouvé à Métisse à Nantes pour donner des coups de main… J’ai trouvé à Métisse à Nantes ce qui me manquait à Mémoire de l’Outre-Mer, c’est-à-dire la valorisation de la danse, de la culture… sans oublier l’objectif fondamental du travail de mémoire. »

Pourriez-vous résumer les actions de Métisse à Nantes ?

« Les gens du quartier Nord, où nous sommes implantés, ne semblaient pas intéressés par ces questions. Nous avons décidé d’aborder la mémoire et l’Histoire autrement, à travers des concerts, des activités pour les enfants, où le travail de mémoire se ferait doucement. Nous avons monté un festival, Histoire d’avenir, qui a duré 14 ans. Nous avons aussi réussi à amener la manifestation et toutes les associations impliquées dans le centre-ville. C’est via Histoire d’avenir qu’a été lancée l’idée de la construction d’un bateau pédagogique, qui a donné quelques années plus tard Coque nomade, menée par Dieudonné Boutrin. Le travail de l’association devenait très conséquent, entre d’une part le bateau pédagogique et d’autre par les manifestations et l’action sociale en direction des gens du quartier. Nous nous sommes donc partagé entre ces deux secteurs, Dieudonné Boutrin et moi. »

Comment ce sujet de la mémoire de l’esclavage est-il reçu aujourd’hui selon vous ?

« Il y a eu un boom dans les années où nous avons travaillé sur le sujet, et maintenant nous avons l’impression, nous qui sommes sur le terrain, que ça retombe dans l’oubli. Qui sait aujourd’hui à Nantes ce qu’est le 10 Mai ? Pourtant ça a été un gros combat, un événement important dans ces années-là, la reconnaissance d’une Histoire qui n’est pas seulement celle de Nantes mais de la France. Un formidable travail a été fait à Nantes, mais il ne faut pas qu’il tombe dans l’oubli. Les associations ont fait des actions à des moments forts, comme poser des stèles à des dates historiques. Dans le quartier Nord, la stèle pour la reconnaissance de la première commémoration de l’abolition de l’esclavage officielle, pourtant très bien placée, a besoin d’être rénovée et remise en visibilité. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022

Vonjy Andrianatoandro

Vonjy Andrianatoandro

« Je suis originaire de Madagascar, arrivé en France dans les années 1980. J’ai fait mes études à Bordeaux avant de trouver mon travail ici. Pour m’intégrer, j’ai cherché à faire une activité qui m’était totalement inconnue et je me suis inscrit à un atelier d’écriture à Trentemoult, où j’habitais. J’ai géré pendant une dizaine d’années une association, Carpe Diem, par laquelle j’ai découvert pas mal de choses artistiques intéressantes. Quand nous avons dissout l’association, j’ai eu envie de mettre à profit mes compétences de management d’association et j’ai eu un déclic : pourquoi ne pas travailler pour Madagascar ?

En 2005, nous avons fondé Hetsika (qui signifie ‘Bouger’), pour promouvoir les arts et la culture malgaches. Depuis 2007, nous organisons un festival, Couleurs malgaches, qui réunit pendant trois semaines à Cosmopolis des expositions, concerts, ateliers d’écriture…Nous mettons un point d’honneur à rémunérer les artistes et intervenants, grâce à la Drac, et ils en sont souvent étonnés. Cette volonté a assis notre position auprès des intellectuels malgaches comme de la Ville. »

Pouvez-vous résumer les actions de l’association ?

« Nous avons d’abord des actions vers la diaspora, Nantais de coeur. Ce sont des cours de malgache, d’instruments de musique traditionnels, des expositions, des festivals, des présentations d’écrivains qui sortent de nouveaux livres… Notre marque de fabrique est de baser nos actions sur le ludique pour aller vers le compliqué. Une conférence est accompagnée au minimum par un film. Nous proposons de nombreux ateliers, des parcours où l’on fait de l’aquarelle ou du chant… Nous avons passé un cap important en 2012, quand le régisseur d’Angers Nantes Opéra nous a téléphoné, sur le conseil de la Ville de Nantes, pour que nous l’aidions à monter Carmen à Madagascar. Nous sommes entrés dans ce projet les yeux fermés, et puis Nantes nous a encouragés à continuer nos actions vers Madagascar, notamment en soutenant l’école de musique locale. Nous avons accompagné la création de l’orchestre national philharmonique malgache et nous sommes associés à une école de cirque depuis 2017… Depuis cinq ans, notre difficulté majeure est de maintenir nos actions ici tout en agissant là-bas, car nous n’avons pas de salarié. Nous essayons de nous recentrer sur la diaspora, qui est difficile à mobiliser, parce qu’elle n’est pas une communauté unie, mais divisée en plusieurs obédiences (catholiques, protestants, luthériens…) qui se réunissent entre eux le week-end. La nouvelle génération change la donne, elle a envie de connaître davantage son pays d’origine. Nous sommes inscrits dans plusieurs réseaux associatifs et militants, tout en étant un peu plus détachés que d’autres par rapport à l’histoire de l’esclavage. A Madagascar, il est admis qu’il y a eu des esclaves, importés et exportés. Peut-être que nos ancêtres aussi l’ont pratiqué, ça nous fait relativiser. »

Cette histoire de l’esclavage est-elle enseignée à Madagascar ?

« Oui, mais mal. Ce qui a été écrit dans les colloques ou par les universitaires ne descend pas jusque dans les écoles. Historiquement, il y a trois strates à Madagascar : les nobles, les « roturiers » et les esclaves. Depuis 200-300 ans, on écrit l’histoire des nobles et personne n’a osé faire celle des esclaves. C’est pour ça que nous devons écrire dans les années à venir cette histoire sensible. Avec un historien à Nantes, nous établissons une relation avec l’académie malgache, section Histoire et sociologie. Nous avons déjà organisé des visioconférences sur des thématiques difficiles, dont l’esclavage. Pour la plupart des gens, l’esclavage moderne n’existe pas, alors que beaucoup ont une bonne chez eux, dans des conditions qui restent des conditions de soumission. Nous devons travailler sur ces thématiques. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022

Rodolphe Hountondji

Rodolphe Hountondji

« J’ai 43 ans et je suis père de trois enfants. J’ai fait mes études supérieures à Nantes et Rennes. Je fais partie des membres fondateurs de l’association Béninois et amis de Nantes, créée en mai 2016. L’association est née pour promouvoir la culture béninoise, oeuvrer pour le Bénin en faisant des actions caritatives, tisser des liens entre les métropoles nantaise et béninoise, et aussi pour créer de l’entraide avec les Béninois qui s’installent à Nantes, en tant qu’étudiants ou en famille. Pour qu’ils se rencontrent, nous organisons chaque année le Kwabo (en langue fonça veut dire ‘bienvenue’), en général en novembre. En amont, nous collectons pour eux des ustensiles de cuisine et tout ce qui peut aider au quotidien. Nous avons aussi des partenariats pour des petits jobs avec certaines entreprises, auprès de qui nous nous portons garants. Les jeunes viennent étudier mais ils doivent aussi pouvoir payer leur loyer, se nourrir… Pour les fêtes de fin d’année, nous demandons aux familles déjà installées qui le peuvent d’accueillir ces nouveaux jeunes ou familles, partager avec eux un bon moment.

En dehors de ça, la plupart de nos actions sont assez spontanées, ça dépend des périodes et de nos interlocuteurs. Pendant la période Covid, nous avons confectionné des masques avec des couturiers au Bénin, donné des pains de savon… »

Retour sur l’exposition Phoenix, qui relie la France, le Bénin et la Guadeloupe présentée en 2022. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

« Phoenix ne retrace pas l’histoire de la traite dans sa globalité, mais montre ce qui en est resté, ce que les gens en ont fait. La mémoire c’est bien mais il faut se documenter pour connaître l’Histoire, savoir d’où c’est parti et pourquoi on en est là. L’esclavage n’est pas né tout seul, c’est le fruit d’une réflexion, d’une philosophie. Quand vous allez en Afrique aujourd’hui, les gens en sont encore tellement marqués que même leur culture a du mal à émerger, car elle n’est pas reconnue. Pour moi, personne ne devrait se sentir supérieur aux autres car nous sommes tous des êtres humains.

Comme il est particulièrement important que les jeunes d’aujourd’hui s’en rendent compte, nous avons associé des enfants à l’exposition. A l’école on n’en dit pas suffisamment sur ce sujet. Je ne revendique pas grand chose, mais je souhaiterais que de la même manière qu’on parle de la Shoah et d’autres événements, l’esclavage soit aussi évoqué. Aujourd’hui au Bénin il y a la Route des esclaves. Nous avons fait ce chemin avec des enfants des écoles là-bas et montré le résultat à des enfants ici, afin de tisser un lien. Je pense qu’une photo sera toujours plus évocatrice que tous les livres. Nous avons aussi associé une bande sonore qui explique un peu le processus. »

Avez-vous un souhait à partager ?

« Je voudrais que les gens se documentent. Par exemple, on ne peut pas vouloir l’électricité sans se demander d’où vient l’uranium. Personne ne parle des problèmes de santé liés à l’extraction de l’uranium en Afrique. Et puis il y a beaucoup d’idées reçues. Quand j’étais étudiant, on s’étonnait que j’ai eu le permis au Bénin. Ma fille, dans sa classe de Terminale, est la seule Noire. On lui demande si au Bénin il y a des chaises à l’école… Il doit y avoir un éveil de conscience, à Nantes comme au Bénin. A l’école là-bas on étudie la France, les deux guerres, les saisons de la France… Comment vous pouvez expliquer à un enfant l’hiver alors qu’il ne l’a jamais connu ? »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022

Mathilde Bouclé-Bossard

Mathilde Boucle-Bossard

De quand date votre engagement dans cette association ?

« Je suis entrée dans l’association en 2006 par un stage de fi n d’étude de six mois, qui a débouché sur un emploi. Je suis restée salariée jusqu’à fin 2015. Je n’avais pas de formation en Histoire. J’ai fait des Langues Étrangères Appliquées suivies d’un diplôme à l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) à Paris. Ma formation s’intitulait ‘Les Métiers de l’Humanitaire’ et j’avais été attirée par le côté international de l’association. C’est en travaillant aux Anneaux de la mémoire que j’ai vraiment découvert l’histoire de Nantes en tant que ville négrière, puisque je ne me souviens pas avoir eu au collège des informations sur la traite ou Saint-Domingue, l’impact que ça a pu avoir sur la Révolution française… Quand j’ai quitté mon emploi au sein de l’association, j’y suis restée à titre bénévole et j’ai succédé à Yvon Chotard, le président fondateur, il y a trois ans. »

Pourriez-vous résumer l’action de l’association ?

« Je la résume en trois grands axes : l’international, l’artistique et le pédagogique. Dès 1992, les Nantais ont compris que cette histoire intéressait toute la France et même au-delà. Une délégation du Bénin est venue voir l’exposition, une autre de Liverpool (elle s’en est inspirée pour l’International Slavery Museum), et puis des Antillais, des Africains…L’association s’est ensuite investie dans la Route de l’esclave, sous l’égide de l’UNESCO, et a commencé à tisser des partenariats en Afrique, aux Antilles ou encore en Amérique du Nord. Pour ne citer qu’un de nos grands projets, nous avons obtenu en 2014 un financement élevé pour un programme appelé Tostem (Tourisme autour des sites de la traite, de l’esclavage et de leurs mémoires), élaboré avec des partenaires au Cameroun, au Sénégal, en Haïti et en Antigua-et-Barbuda. Le projet a abouti à la mise en valeur de sites dans ces pays et à l’élaboration d’une exposition internationale, à la fois historique et artistique, Mémoires Libérées, accessible au grand public, qui a tourné dans chaque pays. Cette collaboration entre les trois continents a impliqué aussi bien des personnes de la société civile que des artistes et des chercheurs, des historiens. La revue des Cahiers des Anneaux de la Mémoire, revue scientifique éditée à partir de l’an 2000, fait quant à elle appel à des spécialistes du monde entier. Quant au volet artistique, nous travaillons avec des artistes contemporains, aussi bien dans le domaine de l’art visuel que du spectacle vivant, pour faire passer des messages plus difficiles d’accès. Le volet pédagogique est également présent depuis le début. Des dizaines de classes d’écoles nantaises ont visité l’exposition de 1992. Le travail a continué, aussi bien par des visites guidées dans Nantes que par une exposition et une mallette pédagogiques que les collèges pouvaient nous louer. L’association veut rendre cette histoire accessible à tous les publics. Nous avons longtemps fait des conférences à l’Université Permanente, et nous proposons régulièrement des conférences grand public. »

Où en sommes-nous selon vous en France sur la question de la mémoire de l’esclavage ?

« On a bien avancé depuis 1992, c’est devenu beaucoup plus facile d’aborder la question. Il y a eu la loi Taubira de 2001, la fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, avant ça le CNMHE (Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage)… De plus en plus d’associations se montent, aussi bien au fort de Joux dans le Jura, par rapport à l’histoire de Toussaint Louverture, qu’à Bordeaux. Il y a aussi des centres de recherche et des historiens qui travaillent sur cette thématique. Donc ça avance, mais il ne faut pas rester sur ces acquis. Nous devons continuer à travailler cette histoire et même aller plus loin. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022

Martine Thiané

Martine Thiane

De quand date votre engagement dans cette association ?

« Je suis née en même temps que l’association, en 1946. A la fi n de la Guerre, beaucoup de militaires antillais, d’Afrique de l’ouest et d’Algérie se sont retrouvés à la caserne Mellinet, à Nantes, à attendre leur billet de retour ou leur affectation, s’ils n’avaient pas fini leur temps militaire. Parmi eux, il y avait des musiciens. Les Antillais ont créé un orchestre et le samedi soir ils allaient faire danser les belles Nantaises aux Salons Mauduit, qui étaient à ce moment-là un des plus grands salons de danse de la ville. C’est là que, comme beaucoup, mon père, Antillais, a rencontré ma mère, Vendéenne. Un petit groupe de ces nouveaux couples a d’abord fondé une amicale, pour se réunir et surtout s’entraider : conseils pour le travail ou sur des drames familiaux (des familles n’acceptaient pas que leur fille fréquente un Antillais, d’autant que certaines sont tombées enceintes sans être mariées…). Il y avait aussi dans cette diaspora antillaise des gradés qui voulaient faire valoir leurs droits juridiquement, notamment être reconnus comme résistants. Pour cela, ils ont créé une association. En 1950, l’amicale a été mise au JO sous l’appellation d’Association des Antillais de Loire-Atlantique. Dans les années 1980, des Guyanais nous ont rejoints et nous avons ajouté la Guyane à notre sigle. Mes parents étaient déjà dans l’association, si bien que j’y ai toujours baigné. C’est viscéral.

J’ai choisi la profession d’infirmière puéricultrice. J’aurais voulu être médecin mais pour mes parents c’était trop important, et l’école ne m’a pas encouragée non plus, car nous étions stigmatisés. C’est toujours un petit combat qui fait qu’on s’endurcit un peu. Je comprends les gens qui sont révoltés, même si je ne le suis pas. Je n’ai pas à rougir de mon parcours. Je me suis mariée à un Sénégalais parce que j’ai toujours aimé la culture créole, africaine. Il était pédiatre et nous avons passé 25 ans en Afrique pour travailler. Je revenais à chaque vacances à Nantes, puis définitivement en 2012, parce que mon mari était décédé et que mon père vieillissait. On m’a poussée à prendre la présidence. J’ai accepté en mémoire de mon père et d’une amie chère, décédée elle aussi. »

Quelles sont les actions d’AAGLA ?

« Nous avons un calendrier d’activités régulières. Nous tenons des stands de produits et plats antillais, par exemple aux Rendez-vous de l’Erdre ou à la Foire de Saint-Georges-de-Montaigu, où nous sommes toujours attendus avec impatience. Cette présence, souvent de longue date, fait que le vivre-ensemble porte ses fruits. Nous avons aussi des activités entre nous, comme les chants de Noël ou la Messe des défunts, mais j’aimerais que ce soit ouvert au public. Nous faisons aussi des ateliers de découverte du créole ou de jeux antillais. Les anciens ne voulaient pas entendre parler de la Mairie, on ne se mêlait pas aux autres associations, sauf lors de catastrophes comme celle d’Haïti… Mon but en tant que présidente a été d’intégrer le tissu associatif de Nantes, de faire des activités avec d’autres associations et de prendre un tournant plus culturel.

Le précédent président a fait partie du comité de conception du Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Ça a été une lutte de 10 ans pour vaincre la résistance de certains Nantais… AAGLA était aussi présente aux marches en 1998. Quant à la journée commémorative, je n’étais pas là au début, mais en 2012, quand s’est créé le Collectif du 10 mai, nous avons travaillé ensemble pour préparer un programme uni, et nous sommes toujours investis depuis. »

Propos recueillis par Pascaline Vallée en mai 2022